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de Vienne ! et sans y mettre de conséquence, les enfants pensaient plus loin et disaient : « Que ne sommes nous pas déjà assez grands pour aller la voir.

Mais ce qu’ils aimèrent le mieux, après les récits de leur mère, c’était que grand’mère leur racontât les histoires de princesses qui avaient des étoiles d’or sur le front ; de chevaliers et de princes changés en lions et en chiens, et à la fin en pierres par suite d’enchantements ; de noisettes dans lesquelles se trouvaient repliés des vêtements précieux ; des châteaux d’or et des mers, au fond desquelles vivaient de belles nymphes. La mère ne se doutait pas, qu’alors, oubliant son tricot, Barounka devenait rêveuse, regardait par la fenêtre vers la côte dénudée, dans le vallon alors rempli de neige, et qu’elle y apercevait un magnifique jardin, un palais bâti de pierres précieuses, des oiseaux couleur de feu, de belles dames dont la chevelure d’or tombait de la tête aux pieds ; elle ne se doutait pas que pour Barounka la rivière gelée était changée en une mer bleue, qui moutonnait et sur les ondes de laquelle de belles nymphes se berçaient dans des coquilles de perles. Sultan, qui couché par terre, ronflait, ne rêvait certainement pas à l’honneur que lui faisaient parfois les garçons de le regarder comme un prince enchanté. Et comme il faisait bon dans la chambre quand il allait être nuit ! Ursule fermait les contrevents ; du bois résineux pétillait agréablement dans le poêle ; on plaçait au milieu de la chambre un grand chandelier de bois, dont les branches en fer recevaient des flambeaux de résiné. On plaçait