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foire. Il fallait que cette musique ne fût pas bien agréable aux chiens, car ils tenaient leurs museaux relevés : Sultan pour aboyer ; mais Tyrl pour hurler ; et à force à faire trembler tous les auditeurs. Grand’mère était alors occupée dans la chambre à ranger avec sa fille les objets que celle-ci avait achetés ; mais en entendant la musique elle accourût au galop. « Je pensais bien, petit diable, que c’est toi qui fais ce tapage infernal. Ce ne sont pas là de bonnes dispositions. Tu vas bien te taire ! Jean ôta la trompette de sa bouche ; mais comme s’il n’avait pas bien entendu ce qu’avait dit grand’mère, il se mit à rire et en disant : « Regardez seulement, comme les chiens sont fâchés que je leur fasse de la musique ! »

« Si les chiens étaient des êtres raisonnables, ils te diraient que c’est une musique du diable, entends tu ? Mets bien vite tout cela de côté. Si tu continues à faire le vilain garnement, je dirai a saint Nicolas de ne rien te donner cette année, » dit grand’mère en menaçant Jean et en lui montrant la porte. Allons ! dit Ursule, qui derrière la porte, avait entendu les paroles de grand’mère. Voilà qui fera quelque chose de bien joli ! On a raconté dans la ville, que saint Nicolas a acheté toute une voiture des joujoux et qu’il sera très généreux cette année, — mais seulement envers les enfants obéissants.

Aussitôt que l’instituteur fut venu, Adèle alla avec sa tablette se ranger auprès des autres ; elle prêta grande attention ; et la leçon finie, elle courût joyeuse vers grand’mère, pour lui dire qu’elle connaissait déjà toutes les lettres des premières rangées de sa tablette et aussitôt elle se mit à les nommer