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de laine, des chaussons et une demie douzaine de cordons pour son rouet. C’était aussi sa foire. Quand elle les mettait dans son tiroir elle disait toujours à Jean : Si ce n’était pas toi, j’aurais toujours assez d’un cordon par an.

Adèle recut cette fois une planchette de bois avec l’alphabet : « Quand demain viendra monsieur le maître, lui dit sa mère tu pourras te mettre à étudier, car j’ai remarqué que le temps te paraissait long, pendant la leçon des autres. Et puisque tu sais bien par cœur le « Notre Père » et aussi des chansonnettes, tu peux aussi apprendre l’alphabet.

La fillette en sautait de plaisir et se mit à considérer attentivement les lettres. Guillaume s’offrit de les lui enseigner : i, e, a, o, u ; mais elle lui cacha la plonchette derrière son dos, en lui disant : « Je ne veux pas que ce soit toi qui me les apprennes ; tu ne les sais pas comme monsieur le maître.

Oh ! oui — da ! tu crois que je ne sais pas bien mon alphabet, moi qui lis déjà dans des livres, lui répondit Guillaume tout fâché.

« Mais Ce n’est pas comme ça dans le livre », répliqua la petite sœur.

« Mais que tu es sotte ! » dit le garçon en frappant dans ses mains.

« Laisse moi ! » dit Adèle en secouant la tête et elle alla avec sa planchette se mettre à la lumière.

Pendant que ces petits frère et sœur poursuivaient leur contestation scientifique, Jean donnait dans la cuisine un concert à Sultan et Tyrl ; il sonnait de la trompette, en même temps qu’il battait du tambourin que sa mère lui avait apportés de la