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Dans les soirées longues et fort brumeuses, quand les fileuses et les autres femmes qui ébarbaient les plumes avaient parfois assez de chemin à faire depuis leur chaumière, ou encore de village en village pour arriver à la Vieille-Blanchisserie, il était assez ordinaire de leur entendre dire qu’elles avaient été effrayées en route l’une par ceci ; l’autre par cela, et une fois ce sujet commencé, plus moyen d’en finir, car chacune avait à y fournir des exemples nouveaux. Et en causant des voleurs de Cramolna, qui rentrent au printemps en prison, et en sortent après l’automne pour retourner chez eux, les gens du pays disaient qu’ils revenaient de faire des études, car ils croyaient qu’ils y apprenaient toujours quelque chose. — Ils fournissaient matière à des récits toujours nouveaux. Tout en parlant d’eux la conversation se tournait sur les voleurs en général, et puis sur les sergents de police ou encore sur les brigands retirés dans les forêts. Les enfants étaient d’une tranquillité absolue qu’ils n’auraient pas dépassé la porte tant ils avaient peur. Aussi grand’mère n’aimait pas qu’on racontât de pareilles histoires ; mais elle n’était pas maîtresse d’en arrêter le torrent qui en débordait. Après la saint Martin il se tenait une foire d’hiver dans la petite ville ; madame Proschek y allait toujours avec Betka et Ursule pour y faire, provision de vaisselle et de divers objets nécessaires en hiver. Les enfants se montraient alors et toujours impatients de voir rentrer leur mère qui leur apportait de la foire quelques joujoux et de bons massepains ; grand’mère recevait alors tous les ans une paire de bons bas