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nommait le défunt pour l’âme duquel elle allait brûler. Finalement, elle en collait par supplément quelques unes de plus en ajoutant : « Que celles-ci brûlent pour le repos des âmes dont personne ne se souvient.

Grand’mère ! Je vais en allumer une aussi, en souvenir de la malheureuse noce dans la forêt de Heretin ? »

« Allume, allume, ma chère fille ! Qui sait si notre prière ne leur sera bien chère ? « On en alluma encore une, grand’mère s’agenouilla avec les enfants près de la table et pria avec eux tant que les petites bougies brûlèrent. « Que la lumière luise éternellement sur eux et qu’ils reposent en paix ! dît grand’mère en finissant, à quoi les enfants durent répondre : « Amen. »

Huit jours plus tard, grand’mère en réveillant les enfants leur annonçait que saint Martin était passé sur un cheval blanc. Et les enfants de sauter à bas de leurs lits pour courir à la fenêtre — et voilà qu’au dehors tout était blanc.

Nulle trace d’une feuille verte à la côte, ni dans les saules de la rivière, ni sur les aunes auprès de l’étang. Ce n’était qu’au bois qu’on apercevait seulement la couleur verte des pins et des sapins ; encore leurs rameaux étaient-ils courbés sous le poids de la neige qui le couvrait. Une corneille était perchée sur le sorbier près de la maison, et la volaille rassemblée dans la petite cour considérant muette et béante le changement qui venait de se produire dans la nature.