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crème à la maison » ; et elle voulait emmener grand’mère de la montagne ; mais grand’mère se retourna pour voir Barounka, qui était restée debout sur le sommet. Elle avait fixé ses regards sur l’horizon, qui encadrait vers l’ouest les plus beaux tableaux. Là s’élèvent, dans la partie éclairée, de sombres montagnes aux formes gigantesques, mais admirablement belles ; là de longs sommets boisés ; ici de petites montagnes, qui portent des châteaux et de petites églises. À leurs pieds dans la plaine, se dressent des colonnes sveltes et des arcs de portails en style grec ; là bas vers le couchant, une splendeur rouge illumine des hiéroglyphes et des arabesques d’or. Puis ces montagnes, ces forêts et ces châteaux s’évanouissent pour faire place à des formes singulières.

Or tout cela plaît tant à la jeune fille, qu’elle appelle sa grand’mère auprès d’elle ; mais grand’mère ne veut plus remonter : elle n’a plus, dit-elle, les jambes aussi jeunes, et la petite-fille est obligée de descendre auprès des autres.

Le matin de la Toussaint les enfants allèrent, comme à l’ordinaire à la rencontre de grand’mère, qui revenait de l’église, et se disaient en chemin : « Grand’mère nous apportera de petites bougies. Elle leur en rapportait en effet, et leur dit : Si nous ne pouvons pas aller au cimetière les y faire brûler pour le repos des âmes des défunts, du moins nous les allumerons à la maison. Elle faisait célébrer tous les ans aux enfants à domicile la Commémoraison des morts. Dans la soirée elle collait autour de la table de petites bougies et en les allumant elle