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« Quant à cela, mon cher garçon, les hommes ont l’intelligence ce qui ne les empêche pas, de se battre pour peu ou pour rien, » répondit grand’mère, en se levant du banc et en s’apprêtant à partir.

« Voyez-vous le soleil qui est sur son déclin ; son coucher sera tout rouge, signe qu’il pleuvra demain et se tournant vers les montagnes elle ajouta : « Et le Schneekoppe est tout coiffé de nuages ».

« Ah ! le pauvre monsieur Beyer. Comme il va en avoir encore à endurer, quand il lui faudra aller dans les bois, » dit Guillaume avec compassion, et en se souvenant du chasseur des Montagnes des Géants.

« Chaque état a ses rigueurs, et quiconque s’en est choisi un, est bien obligé d’en soutenir les inconvénients avec les avantages, » dit grand’mère.

« Je veux pourtant être chasseur et je serai content d’aller chez monsieur Beyer, » dit Jean et lâchant son cerf-volant dans l’air, il descendait la pente de la montagne, pendant que Guillaume courut derrière lui, car on entendait le son des clochettes du troupeau que le pâtre ramenait de la prairie aux étables ; et les enfants étaient réjouis à voir celles des vaches qui étaient en tête, parce qu’elles portaient sur leurs colliers de cuir rouge, attaché des clochettes de cuivre jaune qui rendaient chacune un autre son. Et on s’apercevait qu’elles en savaient les différences, car elles jetaient fièrement leurs têtes d’un côté à l’autre, afin que les cloches en se balançant résonnassent agréablement. Ce que voyant, Adèle se mit aussitôt à chanter : « Hou a hou ! Les vaches s’en vont porter leur lait et la