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sur une pareille balançoire ? C’est bon pour vous. » Elle redoutait d’avoir à déposer quelque chose sur les petites tables et sur les chiffonnières vernies, de peur que le lustre n’en disparût ; puis, ces étagères à glaces, dans lesquelles sont rangées tant et de si belles choses, tout cela, disait grand’mère, n’était que pour le péché dans la chambre ; car si les enfants, qui aimaient à tourner autour de ces étagères, y touchaient à quelque objet, leur mère leur en faisait grand crime. C’était avec plaisir, au contraire, qu’en tenant la petite Adèle, grand’mère allait s’établir devant le piano, parce qu’il lui suffisait d’appuyer légèrement sur les touches, pour apaiser l’enfant qui criait. Puis Barounka montrait parfois à grand’mère à y jouer, d’un doigt, la chanson : « Ce sont des chevaux, ce sont des chevaux, » et grand’mère branlait la tête en disant : « Comme les hommes sont riches en inventions de toutes sortes ! Ne dirait-on pas qu’un oiseau est renfermé là-dedans ? Ça résonne comme de petites voix. »

À moins de s’y trouver obligée, elle n’entrait point dans la chambre. Que si elle n’avait plus rien à voir, ni dans le ménage, ni au dehors, elle se retirait de préférence, dans sa chambrette, où elle se trouvait tout à portée de la cuisine et de la salle commune.

Cette chambrette de grand’mère était meublée selon ses goûts. Auprès d’un grand poêle était placé un banc ; son lit longeait la muraille ; tout auprès du poêle, et derrière le lit, se trouvait un coffre enjolivé de peintures. De l’autre côté, était placé en regard, et le long du mur, le lit de Barounka, qui avait obtenu de sa mère la permission de coucher dans la