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Tout à coup ils entendirent au dessus de leurs têtes un crépitement d’ailes, et quand ils levèrent les yeux, ils virent voler dans l’air une troupe d’oiseaux.

« Ce sont des oies sauvages, » dit grand’mère ; « il n’y en a jamais un grand nombre ensemble ; ce n’est toujours qu’une famille à la fois, et elles observent des dispositions particulières à leur volée ; regardez : deux volent en tête ; deux en queue ; les autres volent l’une près de l’autre, soit en longueur, ou en largeur ; à moins que, parfois, elles ne se forment en demi-cercle. Des choucas, des corneilles, des hirondelles volent toujours par grandes compagnies, quelques uns volent en avant des autres pour chercher un endroit favorable où la troupe qui les suit pourra se reposer, d’autres volent en arrière-garde et sur les ailes, pour défendre en cas de danger les femelles et les jeunes ; car il se rencontre souvent une troupe ennemie, avec laquelle la guerre commence. »

« Mais grand’mère, demanda Guillaume, comment des oiseaux peuvent-ils faire la guerre, ceux qui n’ont pas de mains pour tenir des sabres et des fusils ? »

« Ils font la guerre à leur manière et avec des armes qui leur sont naturelles. Ils se frappent à coups de becs et aussi fort avec leurs battements d’aile que font les hommes entre eux avec des armes aiguisées, et à chacune de leurs batailles, il en succombe un grand nombre. »

« Qu’ils sont bêtes, » se dit Jean à lui même.