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« Et qui était cette Sybille ? » demanda Adèle.

« Sybille était une femme sage, et qui avait la science de l’avenir. »

« Et qu’a-t-elle prédit ? » demandèrent les garçons.

« Je vous l’ai déjà raconté plusieurs fois, » leur dit grand’mère.

« Nous ne nous en souvenons déjà plus. »

« Mais vous ne devez pas l’oublier. »

« Je me souviens encore de beaucoup de ce que vous nous en avez dit, grand’mère, » dit Barounka, qui elle, prêtait une oreille toujours attentive aux récits de grand’mère.

« N’est-ce pas que Sybille a prédit que sur la terre Tchèque fondraient beaucoup de misères ; qu’elle éprouverait des guerres, des famines et la peste ; et que le pire, cette fois serait que le père ne comprendrait pas le fils, ni le fils, son père ; non plus que le frère son frère ; qu’on ne croirait plus ni à la parole d’honneur ni à la promesse donnée ; et, qui pis devait être, elle a prédit que la Bohème devait être distribuée par les pieds des chevaux. »

« Tu t’en souviens bien ! À Dieu ne plaise que cela se réalise jamais, » dit grand’mère en soupirant.

Barounka agenouillée aux pieds de grand’mère, sur les genoux de qui elle tenait ses mains jointes appuyées, tout en élevant sur le grave visage des yeux clairs où respirait la confiance en ses réponses poursuivait le cours de ses questions : « Quelle est cette prédiction dont vous nous avez parlé, vous savez ? sur les chevaliers de Blanik, sur saint Wenceslas et sur saint Procope ? »