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aimait, à être assise avec eux sur la montagne au-dessus du château ; c’est de là qu’on contemplait le mieux la vallée, avec ses prairies verdoyantes, où paissaient les grands troupeaux de la grande métairie du château, la petite ville dans le lointain ; le château bâti sur un petit coteau, au milieu de la vallée et le parc qui s’étendant autour du château venait jusqu’à leurs pieds. Les jalousies vertes des fenêtres étaient baissées ; plus de heurs sur le balcon, et les roses qui s’enlaçaient autour de la blanche balustrade en pierre se trouvaient fanées. Aux lieux où l’on voyait naguère circuler les seigneurs et leurs domestiques galonnés, se montraient des aides jardiniers qui couvraient de feuilles sèches et des ramilles les plates-bandes et les petits arbustes. Les plantes ne portaient plus ces fleurs dont les couleurs étaient si variées ; elles n’y retenaient que les graines, mais destinées à reproduire des fleurs encore plus belles pour réjouir les yeux de la maîtresse à son retour. Des arbres rares, exotiques, privés de leur verdure, étaient enveloppés de paille ; la fontaine jaillissante ne donne plus ses filets argentés ; la voici couverte de plantes jointes ensemble avec de la mousse ; et les poissons dorés se sont cachés au fond de la pièce d’eau, dont la surface auparavant si pure, était maintenant couverte des feuilles, de plantain d’eau et d’un limon verdâtre.

Les enfants regardèrent en bas, en se rappelant le jour où ils s’étaient promenés dans le jardin en compagnie d’Hortense, et où ils avaient déjeuné dans le salon. Comme tout était beau alors ! Et ils se pensaient : « Où-est-elle à présent ? »