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C’était sous les tilleuils, auprès du moulin et au pied de la statue de saint Jean Népomucène que la famille Proschek et le meunier s’étaient assis en attendant les pèlerins qu’ils cherchaient, de temps en temps, du regard’vers la montagne de Zernov.

Quand le soleil eut envoyé ses derniers rayons dorer la cime de la montagne, et avec elle les couronnes, le tronc des frênes élégants qui la paraient ils virent descendre, à travers la verdure, et sous l’ombre des buissons les formes chatoyantes, des fichus blancs et des chapeaux de paille. Les voilà ! s’écrièrent les enfants, dont les regards n’avaient pas quitté la côte, et tous les trois de s’élancer vers ce petit pont qui, par dessus la rivière menait droit à la côte.

M. et Mme Proschek, et M. le meûnier qui faisait tourner sa tabatière entre ses doigts et clignait alors les yeux, suivirent les enfants à la rencontre de grand’mère et de la meunière.

Les enfants l’embrassèrent et sautèrent auprès d’elle, comme s’ils ne l’avaient pas vue de toute l’année.

La petite vanterie de Barounka trouva que les jambes ne lui faisaient pas même un peu mal.

Grand’mère demanda aux enfants s’ils avaient au moins pensé à elle ; et la meunière, s’il y avait quelque chose de nouveau.

« Il y a qu’on a rasé un chauve ; c’en a été un coup ! ma chère femme, » répondit le meunier en faisant une mine bien sérieuse.