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lement, si elle trouvait quelque grain de pois, tombé par terre, elle le ramassait elle-même et en baisait le calice ; toutes choses qu’elle demandait aux enfants de faire aussi.

Trouvait-elle, sur son chemin, une petite plume d’oie : « Ramasse-là, disait-elle à Barounka, en la lui montrant. » — Et Barounka, qui parfois n’était pas diligente à se baisser pour si peu : « Mais, grand’mère, répondait-elle, qu’est-ce que c’est qu’une plume ! » Elle en était reprise aussitôt : « Tu devrais plutôt penser, mon enfant, qu’à force d’en mettre une à côté d’une autre, cela finit par en faire beaucoup ; puis, souviens-toi du proverbe : « Pour une plume, la bonne ménagère sauterait par-dessus une haie. »

Dans la plus grande des deux pièces, celle qui avait quatre fenêtres, et qui formait la chambre à coucher des deux époux, petite Adèle avait son berceau à côté du lit de sa mère. On y dînait aussi les jours de fête, ou l’on y goûtait. L’ameublement en était moderne, ce qui ne plaisait pas beaucoup à grand’mère. Il lui paraissait qu’on n’était pas bien assis sur ces chaises rembourrées, et à dossiers tournés et sculptés, à cause de la crainte où l’on devait être d’en tomber, ou même de les casser, en s’y appuyant. Elle ne s’était jamais assise qu’une fois sur le canapé ; et alors elle fut si effrayée d’en sentir les ressorts céder un peu sous elle, qu’elle eût peine à retenir un cri. Sa crainte de tomber fit bien rire les enfants qui se tinrent alors assis sur le canapé, en s’y balançant, en même temps qu’ils l’invitaient à s’y rasseoir auprès d’eux, sans crainte. « Laissez-moi en repos, leur dit-elle ; et qui donc s’assiérait