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perça le cœur. Ils les ont ensevelis tous ici… Voilà comme je l’ai entendu raconter, » dit Fouscova en finissant son récit.

« Qui peut juger laquelle de nous deux a raison, quand il y a déjà si longtemps écoulé depuis l’événement.

Finalement quelle que soit la manière dont il se soit passé, le malheur est déjà assez grand. Mieux eut valu qu’ils eussent pu se marier, et vivre heureusement.

Mais alors, dit Thomas, personne n’aurait rien su d’eux ; ils ne seraient pas les objets de notre souvenir, et nous ne mettrions pas des couronnes sur leur tombe. Et ce disant, il réparait une des croix de sapin qui se trouvait endommagée.

C’est égal, dit Annette, je ne voudrais pourtant pas avoir le malheur de cette fiancée.

« Ni moi non plus, dit Christine, en venant de l’arbre derrière lequel elle avait fini de tresser des couronnes.

« Je ne voudrais pas non plus être assasiné le jour de mon mariage, » dit Mila ; « mais Herman a été pourtant plus heureux que son rival qui a dû bien souffrir de voir celle qu’il aimait tant appartenir à un autre. C’est pour celui-là qu’il faut faire de plus ferventes prières, car il est mort dans le mal et dans le malheur ; Herman au contraire est mort dans le bonheur et dans la grâce de Dieu.

Les filles suspendirent les couronnes aux croix, répandirent sur la tombe déjà couverte de mousse ce qui leur restait de fleurs, prièrent encore un instant et rejoignirent les autres pèlerins. Un moment