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temps que la leur. Les jeunes se répandirent dans le bois, afin de cueillir des fleurs pour en faire des couronnes, tandis que les garçons arrangeaient le tertre et les croix qui le surmontaient.

« Dites moi, Annette, pourquoi ces neuf croix qui sont ici, » demanda Barounca, tout en disposant des fleurs dont Annette devait tresser une couronne.

« Écoutez, je vais vous le dire. Non loin d’ici est un vieux château en ruines, qu’on nomme Vizmbourg. Il y a bien longtemps déjà qu’il y vivait un page, du nom Herman. Il aimait une jeune fille, qui demeurait dans les alentours d’un village, situé non loin d’ici. Un autre jeune homme aimait aussi cette fille, qui lui préféra Herman et lui engagea sa parole. Les noces allaient avoir lieu. Dans la matinée du jour fixé pour le mariage, la mère d’Herman entra dans la chambre de son fils, en lui apportant des pommes bien rouges et lui demande pourquoi il est si pensif ! il lui répondit qu’il n’en sait rien. La mère le suppliait de ne pas sortir elle a eu, dit elle, un songe affreux ; mais lui se leva, prend congé de sa mère, et monta sur son cheval blanc. Mais le cheval ne veut franchir le seuil de la porte avec lui. La mère redouble ses instances : « Mon fils, reste à la maison : c’est un mauvais signe : il t’arrivera un malheur. Mais il n’écoute point, donne de l’éperon au cheval et passe le pont. Le cheval se cabre, et se refuse à avancer. La mère le supplie une troisième fois de rester ; mais Herman sans s’inquiéter de cette remontrance chevauche du côté de la maison de sa fiancée. Et au moment où ils se rendaient au mariage, voilà que l’autre jeune