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ne nous aimions beaucoup, et que nous ne soyons sur le point de nous marier. »

« Et quelle est l’époque déjà fixée pour votre noce ? »

« Mon père veut nous céder tout son train et se retirer dans uue petite maison. Quand elle sera finie, aura lieu notre mariage ; ce sera bien vers la fête de Sainte Catherine. Ce serait bien beau pour nous, » si nous avions nos deux noces le même jour. Tu en parles bien à ton aise, et comme si on avait déjà la main dans la manche. Mais tout cela est encore bien loin derrière les montagnes. »

« Ce qui n’est pas, peut-être. Les Milas seront heureux de voir Jacques Mila t’épouser, ton père y gagnera un gendre bien adroit. Personne ne peut mieux que lui conduire votre maison, ni te mieux convenir à toi même. Jacques Mila est le plus joli garçon de tout le village, et Lucie, la fille du maire, sera je pense, bien contristée, s’il ne veut pas d’elle. Tu le vois bien ! c’en est cela, une grosse pierre dans notre chemin, » dit Christine avec un soupir.

« Il y a là, ma fille, plus qu’une grosse pierre ; car Lucine, tu le penses bien est un parti qui ne doit pas peser peu. Elle est assez avantagée de sa personne, et son père lui jetera encore sur la balance un bon petit sac d’écus. »

« Tant pis. Aussi je ne m’en casse pas tête ; parce que son père est maire, il n’est pourtant pas le bon Dieu. »

« Mais si tout s’écroule sur lui et qu’il ne soit pas accepté au service au château, il serait bien obligé d’être soldat. »