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Christine et Anne logeaient chez une veuve qui était propriétaire d’une petite maison ; elles couchèrent au grenier dans le foin, la maîtresse du logis leur y avait préparé le lit. Elles eussent dormi tout aussi bien sur des pierres. Mais pour cette nuit là, elles ne demeurèrent point au grenier, mais elles en descendirent par l’échelle dans le verger attenant.

« Ne fait-il pas mille fois meilleur ici que là haut dit Christine ? Le jardin nous sert de chambre : les étoiles sont nos chandelles, et l’herbe verte est notre couverture ; et elle s’enveloppait d’un jupon en se couchant sous un arbre. Oui, nous allons y pouvoir dormir ma chère fille, » lui répondit Anne, en s’étendant à côté d’elle. « Mais écoute donc la vieille Fouscova comme elle ronfle, autant le bruit que font des pierres en roulant, dit elle par manière de plaisanterie.

« Oui, c’est très délicieux d’être couché auprès d’elle. Mais qu’en penses-tu Francine ? Viendront-ils demain ? » demanda Christine en se tournant vers sa compagne.

« Il serait bien étrange qu’ils n’arrivassent pas. Oui certainement, ils viendront accouru comme au galop ; et Mila, lui aussi viendra, ma foi, car il t’aime bien. »

« Qui le sait s’il m’aime ? Il n’a pas encore été question de cela entre nous. »

« Et à quoi bon en parler, quand on le reconnaît d’ailleurs ; je ne sais même pas si Thomas m’a jamais dit qu’il m’aimait ; ce qui n’empêche pas que nous