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entonné le cantique : « Salut à toi, Fille de Dieu le Père, et les pèlerins en chœur se mirent à chanter, le garçon souleva par la hampe la croix ornée de sa couronne et la troupe s’avança derrière lui sur le chemin de Svatonovitz. À chaque croix, à chaque petite chapelle placée au bord du chemin, on faisait une petite station pendant laquelle on récitait le « Notre Père » et le « Je crois en Dieu ! » On répétait encore les prières devant chaque arbre sur lequel une intention pieuse avait fait suspendre une image de la Vierge Marie, et, devant chaque croix encore, érigée pour consacrer le souvenir de quelque malheur anciennement arrivé dans ce lieu — là même.

Barounca et Marie prêtaient une oreille attentive aux intonations de Martinetz et chantaient d’accord avec les autres. Mais quand on fut arrivé par derrière la Montagne-Rouge, Barounca s’en vint demander à grand’mère, où était Turyn le village d’où était la petite fille muette.

Mais pour le coup grand’mère se fâcha, et lui répondit : « Quand tu vas en pèlerinage, c’est vers Dieu et non pas vers des objets étrangers que tu dois diriger tes pensées. Aussi, chantez, ou bien priez en silence. »

Les filles se remirent à chanter ; mais un moment après, on entra dans la forêt, où on voyait ça et là des fraises, qui mûrissaient dans l’herbe ; leurs chapeaux se dérangèrent puis leurs jupons coulaient ; enfin elles avaient toujours quelque chose à remettre en ordre ; puis elles finirent par se souvenir qu’elles portaient des gâteaux dans leurs petites gibecières, d’où elles tirèrent des morceaux l’un après