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rents sujets, lorsqu’elle finit par demander aussi, s’il y avait beaucoup de braconniers dans les environs.

J’en ai encore deux, de ces mauvais sujets ; il y en avait trois ; mais j’ai puni plusieurs fois le plus sot d’entre eux, et à présent il se tient tranquillement chez lui ; mais les deux autres sont diantrement rusés, pas moyen de les attrapper autrement qu’envoyant un peu de dragées dans le corps. L’inspecteur des bois me le commande bien toujours ; mais il y a bien à réfléchir avant d’estropier un homme pour l’amour d’un lièvre. Aussi ne veux-je point que vous le fassiez jamais, » dit la princesse.

Je pense aussi que madame la princesse n’en sera pas pauvre pour cette petite perte, et que le braconnier n’osera pas se commetre sur le haut gibier dans le district des chasse. »

« Mais j’ai entendu dire qu’on me vole beaucoup dans le bois, » demanda la princesse.

Voilà bien des années que je suis au service de leurs seigneuries ; mais le dégât que le pauvre monde a fait pendant ce temps là n’est pas après, tout, si grand. On en dit beaucoup ; je pourrais, par exemple, faire abattre plusieurs arbres par l’année ; et quand il ne me serait pas possible de les couler finement dans le compte, je pourrais dire aussi : On les a volés. Mais à quoi bon se charger la conscience de mensonge et de fraude. Quand, en automne on vient avec des rateaux pour faire la litière et que les pauvres viennent ramasser le bois mort, je me tiens toujours dans leur voisinage, puis je crie que le bois en resonne, pour qu’ils soient toujours en crainte et ne me fassent pas de dégât ;