Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 190 —

et les enfants de relever la tête pour regarder sur le livre.

« Sultan, c’est Sultan ! » s’écria Guillaume, et quand à cet appel Sultan fut accouru à eux, Jean lui montra le livre en disant : « Vois tu c’est toi ! » Il y avait aussi un éléphant gigantesque qui effraya bien un peu Adèle. On y voyait aussi un cheval, des vaches, un petit lièvre, des écureuils, des poules, des vipères et des serpents, des poissons, des grenouilles, des papillons, de petits agnelets, même une petite fourmi ; les enfants connaissaient tous ces animaux, et grand’mère se disait en voyant des scorpions et des serpents : « Qu’est-ce donc que les hommes ne sont pas en état de faire ? Peindre jusqu’à cette engeance ! »

Mais quand la meunière voulut voir le vilain dragon, qui vomit du feu par la bouche, la comtesse se plut à dire que de pareils animaux n’existent pas, et que ces monstres ne sont qu’imaginaires. Monsieur le meunier qui avait entendu l’observation fit tourner la tabatière entre se doigts et fit sa grimace ordinaire, en disant : Ce ne sont point des monstres imaginaires, mademoiselle ; car de ces méchants et venimux dragons avec des langues de feu, il y en a assez dans le monde ; mais ils appartiennent au genre humain ; et c’est pourquoi on ne les a pas placés parmi ces animaux innocents. La comtesse sourit ; mais madame la meûnière, frappa alors doucement sur la main de son mari, en lui disant : « Vous parlez bien trop, notre maître.

À ce moment là même, la princesse était à causer avec Jean et avec le chasseur sur diffé-