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tout de suite du verger, et courus après mes camarades. Et voilà comment le tour a réussi. Et m’est avis qu’il se passera bien du temps avant qu’il y revienne.

« Hier, je riais toute la journée de la situation où l’on avait mis l’italien, mais le soir, le garde de nuit Kohoutec qui fréquente tous les jours l’auberge s’est amusé à boire, et quand c’est ainsi il débite tout ce qu’il sait. Il s’est donc mis à nous raconter comme l’italien était allé chez lui dans la nuit : « C’étaient des coquins disait-il, et si vous saviez ce qu’ils lui ont fait ; et il commença une description à saisir d’horreur. C’est dire qu’il a fait d’un moucheron un chameau. C’est au point, disait il que les chiens voulaient se jeter sur lui tant il était horriblement méconnaissable : et Kohoutec ajoutait que sa femme avait dû passer la nuit à faire disparaître, à force de les laver, toutes les traces de vieux-oing. Il lui avait donné pour cela un écu d’argent sous condition de n’en rien dire au château, et en affirmant avec des serments terribles, qu’il se vengerait de ces garnements. Je crains à présent pour Mila ; on dit que ces italiens sont de mauvaises gens.

Puis Kohoutec a raconté aussi à mon père, que l’italien fréquente la maison du directeur. Or il a une fille nommée Marie, et on croit que si madame la princesse voulait donner chez elle une meilleure place à l’italien, il pourrait bien l’épouser. Ensuite voyez grand’mère, Mila a le désir de servir un an dans la ferme, pour éviter le service militaire ; et vous savez ce qui en adviendrait si l’italien persuadait