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Lorsqu’ils lui eurent frotté les pieds de cambouis de manière à lui en avoir fait des bottes, pour ainsi dire, ils lui mirent la perche en travers des épaules, y ramenèrent les bras en forme de croix et les y assujétirent. L’Italien voulait crier, mais Thomas lui mit la main sur la bouche, et le maintint comme à la torture. « C’est à des fainéants comme tu en es un, qu’il n’est pas mauvais d’allonger un peu les membres ! faute de quoi leurs muscles se retirent. Camarades, ordonna encore Mila, « liez lui ses bottes, et les lui jetez par dessus l’épaule ; nous allons le reconduire sur le grand chemin, puis qu’il aille là d’où il est venu. »

« Attendez » nous allons attacher un bouquet à un bouton de sa veste et du côté du dos, afin qu’on voie qu’il revient de chez une fiancée, « tel fut le dire de celui qui alla cueillir des orties et des chardons pour les attacher au frac, en guise de bouquet. » « Bien ! ta toilette est finie, et tu es tout à fait beau ; dit Mila, en riant, tu n’as plus qu’à t’en aller avec tes cadeaux. Et le prenant avec Thomas par-dessous les bras, ils l’emmenèrent sans bruit hors du verger.

« Un instant après, Mila était à ma petite fenêtre et me racontait comment l’Italien, tout exaspéré » s’enfuyait alors la perche au dos.

Mais demandai-je à Mila, comment avez-vous pu l’attraper ici ? — « Je voulais » répondit Mila, « te souhaiter encore une bonne nuit ; je dis alors aux garçons de m’attendre au moulin, et je restais seul dans votre verger. C’est alors que je vis quelqu’un descendre de la côte se faufiler comme un voleur, et en se glissant jusqu’à ta petite fenêtre. Je sortis