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moment la porte de la chambre, pour leur faire cette recommandation : « Soyez sages ; restez tranquilles, » et elle s’en allait, pour revenir encore.

Grand’mère allait entrer dans le petit jardin pour y cueillir du persil tout frais, lorsqu’elle vit Christine descendre la côte et tenant en main quelque chose d’enveloppé dans son mouchoir.

« Bon jour grand’mère, » fit-elle avec son air joyeux et rayonnant de tant de bonheur que grand’mère ne pouvait détacher ses regards du beau visage de Christine.

« On dirait, ma fille, que tu as couché sur des roses, » lui dit grand’mère en souriant.

« Vous avez deviné, grand’mère, mes oreillers sont à fleurs, » lui répondit Christine.

« Petite espiègle que tu es, tu ne veux pas me comprendre ; mais quoi qu’il arrive, tâche que tout finisse bien ; n’est-ce pas ma fille ? »

Pourquoi pas, se pensa-t-elle ? Et comme elle avait pénétré le sens des paroles de grand’mère, elle rougit bien un peu.

« Qu’est-ce que tu portes là ? » lui demanda grand’mère.

« J’apporte un cadeau pour la fête de Jean. Mes pigeons pattus lui ont toujours plu ; et je lui en ai apporté un couple de jeunes, pour qu’il en prenne soin. »

« Mais pourquoi t’imposer une telle privation ; ce n’était pas nécessaire, » dit grand’mère.

« C’est avec plaisir que je le fais ; j’aime les enfants, et les choses de cette sorte font la joie des