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longtemps après, qu’elle reverrait son Georges. Elle se rappelle encore, que le soleil levant la trouva pleurant et encore assise dans le jardin : oui pleurant de ce que la couronne en volant trop loin par dessus le pommier lui avait enlevé l’espoir de voir Georges bientôt. Grand’mère resta longtemps debout et absorbée dans sa contemplation. Involontairement elle joignit les mains, et son doux regard s’éleva plein de confiance vers le ciel des étoiles brillantes, et de sa bouche s’échappa, mais en silence cette question : « Quand nous, reverrons nous Georges ? »

Au même instant une brise légère caressa doucement les joues de la chère grand’mère, comme si l’esprit du défunt eut voulu les baiser. Elle frémit, fit le signe de la croix et deux larmes roulèrent jusque sur ses mains jointes.

Encore un moment, et elle rentrait sans bruit dans la maison.

Les enfants étaient à guetter par les fenêtres le retour de leurs parents qui étaient allés en voiture dans la ville et à l’église. Le père faisait dire une messe ce jour là, et grand’mère faisait réciter des prières pour tous ceux de sa famille qui avaient nom Jean-Baptiste, de quelque génération qu’ils fussent. Une belle couronne, des compliments, des cadeaux, — tout était préparé sur la table. Barounca les faisait encore réciter, l’un après l’autre. Mais l’impatience de l’attente leur faisait omettre un petit mot par-ci, un petit mot par-là, et c’était encore à recommencer.

Grand’mère avait encore de l’ouvrage à mains pleines. Aussi se contentait elle d’entrouvrir par