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trois que le père qui l’entend et le sait fait semblant de n’en rien entendre, ni savoir. Au souper Barounca est obligée de faire sans cesse signe des yeux aux enfants et même de leur pousser des coups de coude, pour qu’ils le gardent jusqu’à la fin. Betca se moqua bien d’eux dans la suite de ce qu’elle appelait « leur caquet de vraies poules. »

Mais tout était fini et dressé, et on aspirait déjà le fumet fin des bons gâteaux. Les servantes venaient de se coucher et l’on n’entend plus que le discret va-et-vient des pantoufles de grand’mère à travers la maison ; elle enferme les chats ; arrose les étincelles du four ; et se souvenant qu’on a chauffé aussi au second fournier situé vers la côte, elle craint qu’une étincelle n’y soit restée ; elle ne s’en rapporte pas à sa propre circonspection ; car elle préfera y aller regarder encore.

Sultan et Tyrl sont couchés sur le petit pont. Leurs regards s’étonnent de voir arriver grand’mère ; mais elle les caresse à la tête et ils se mettent à aboyer autour d’elle en la flattant. « C’est ici, » leur dit elle, « que vous guettez les souris, vilains ondins. Oui, je vous le permets, pourvu que ne vous miniez pas le poulailler pour aller tuer mes canards, » leur dit elle tout en allant vers la côte. Les chiens suivent sa trace. Elle ouvre le four, fouille avec précaution la cendre avec le tire-braise et n’y voyant pas une étincelle, elle le ferme et retourne. Près du petit pont s’élève un grand chêne ; c’est parmi les branches pendantes que restent des volailles pendant les nuits d’été. Grand’mère lève la tête en entendant un soupir dans les rameaux ; puis un