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« Bon jour, monsieur le maître ! je vous amène encore du petit monde ; ayez de la patience avec les petits ! » dit grand’mère au vieux maître.

« C’est bien, madame, j’en ai des grands, j’en ai des petits, selon que le troupeau accourt, » répondit le maître et il rangea les garçons auprès des garçons, et les filles avec les filles.

Grand’mère resta dans l’église, tout près de la porte, et parmi les femmes plus âgées, pendant qu’on rangeait les enfants autour de l’autel. Les cloches retentirent pour la troisième fois ; le peuple se pressa vers l’église ; le sacristain vint remettre aux garçons des cierges à trois pieds et tout allumés, la petite cloche retentit, les prêtres s’avancèrent vers l’autel et la messe commença. Les petites filles joignirent les mains et regardèrent d’abord fixement vers l’autel ; mais après l’avoir considéré un peu de temps, elles tournaient la tête à droite et à gauche, et leurs regards s’attachèrent sur le beau visage de la comtesse assise dans le haut, c’est-à-dire à l’oratoire de sa tribune. Elle lui adressèrent un sourire ; comment s’en empêcher ? Mais derrière la comtesse se tenait, là aussi, leur père, qui, sévèrement, leur fit signe de se tourner du côté de l’autel. Adèle ne comprit pas d’abord, car elle souriait encore, et à son père même, jusqu’à ce que Barounka l’eut tirée par sa robe et avertie de regarder vers l’autel.

C’était après l’élévation. Le prêtre prenait entre ses mains la sainte Hostie, et le peuple avait commencé à chanter en chœur. « Agneau de Dieu… Jésus-Christ, ayez pitié de nous ! » et les cloches se mêlèrent solennellement aux chants.