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des beaux chevaux, caressait leurs luisantes crinières, et examinait, d’un œil de connaisseur, leurs belles membrures et leurs harnais. Il se rapprochait par instants du bâtiment, pour crier à la fenêtre : « N’êtes-vous pas encore prêtes ? Quand en finirez-vous ? » — « Tout de suite, papa, tout de suite ! » répondaient des voix qui partaient de l’intérieur de la chambre.

Et cet instant fut encore un temps assez long avant qu’elles fussent prêtes. Les filles finirent par sortir, Marie au milieu d’elles ; venaient ensuite madame Proschek, grand’mère, Betka et Ursule. « Faites attention à tout, et n’oubliez pas les volailles ! » leur recommandait grand’mère.

Sultan, qui voulait flatter Adèle, flaira les couronnes qu’elle tenait à la main ; mais elle leva les bras, et grand’mère chassa le chien en disant : « Ne vois-tu pas, sotte bête que tu es, qu’Adèle est de cérémonie ? »

« Elles sont comme de petits anges, » dit Betka à Ursule, quand les filles furent montées en voiture.

M. Proschek monta sur le siège, auprès du cocher, Venceslas, qui prit les guides en main et claqua de la langue. Les chevaux rejetèrent fièrement leurs têtes en arrière et la voiture s’envola vers le moulin, comme si le vent l’emportait.

Les chiens s’élancèrent par derrière ; mais quand monsieur Proschek les eut menacés avec le fouet, ils retournèrent à la maison devant laquelle on put les voir étaler leur ennui au soleil, à l’entrée du vestibule, et finir par ronfler.