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mon éducation. Quand je fus devenue grande, madame la princesse me prit chez elle. Oh ! je l’aime beaucoup, et autant que j’aurais aimé ma mère. »

« Mais elle aussi, madame la princesse vous aime comme si vous étiez sa propre fille, » dit grand’mère. « Je l’ai bien vu, quand j’ai été au château, et c’est ce qui m’a tant plu de la part de cette dame. Mais, pour que je n’oublie pas, mademoiselle, il faut que je vous parle de la famille Coudrna. Quand Barounka leur a remis l’argent qui venait de vous, mademoiselle, la joie les fit sauter presque jusqu’au plafond. Mais quand le père eut reçu la place de garde seigneurial, avec double appointement en nature, ils en eurent un étonnement et une joie inexprimables. Ils ne cesseront jamais de prier pour vous, mademoiselle, et pour madame la princesse, car ils vous seront reconnaissants jusqu’à la mort. »

« Ils n’ont à en remercier personne autre que toi, grand’mère, car c’est toi qui en as été la cause, » répondit la comtesse.

« Mais de quoi leur eut servi que j’eusse avancé pour eux une bonne parole, mademoiselle, si une bonne action ne s’y était jointe » répliqua grand’mère ? « La parole est tombée en bonne terre et la bénédiction en est sortie. »

Les fleurs étant disposées, grand’mère se leva, pour reprendre, avec les enfants, le chemin de la maison.

« Et moi, j’irai avec vous jusqu’au chemin fourchu, » dit la demoiselle, en prenant son cheval par la bride. « Si vous le voulez, garçons, je vous