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Sultan et Tyrle, tous coururent au-devant de grand’mère pour la saluer. Ils voient descendre de voiture une femme âgée, coiffée d’un fichu blanc et en costume de paysanne. Le groupe des trois enfants s’arrête, afin d’être tout yeux pour la mieux voir. Leur père lui serre la main ; leur mère l’embrasse en pleurant ; et elle, les larmes aux yeux, baise sa fille sur les deux joues. Betka lui tend la petite Adèle ; grand’mère la signe au front, et lui sourit en l’appelant sa chère petite fille. Puis elle regarde les autres enfants et leur dit du même ton d’amitié : « Mes chers enfants, mes petits cœurs d’or, comme je suis heureuse de vous voir ! » Mais les enfants baissaient les yeux, et se tenaient raides comme de la glace, jusqu’à tant que leur mère leur eût commandé de présenter à grand’maman leurs joues roses à baiser. Ils ne pouvaient revenir d’étonnement. Car c’était là une grand’mère toute différente de celles que l’on connaissait ! Sa pareille, ils ne l’avaient jamais vue de leur vie ! Ils ne la quittaient pas des yeux ; et tant qu’elle resta debout, ils circulèrent autour d’elle, en l’examinant des pieds à la tête.

Ils regardaient sa pelisse de couleur sombre, et à longs plis par derrière ; son ample messaline jaune, aussi plissée et ornée d’un large ruban. Et comme il leur plaisait, ce fichu rouge à fleurs, que grand’mère portait, attaché sous son mouchoir de tête, mais blanc ! Ils s’assirent à même par terre, pour mieux voir les marques rouges sur ses bas blancs, et aussi ses petites pantoufles noires. Guillaume touchait les bandes coloriées du panier tressé que grand’mère tenait encore à la main ; et Jean,