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« Attends ! elle n’est pas encore partie ; mais elle veut fuir, » dit la comtesse, en prenant avec précaution la bête à bon Dieu sur l’épaule de la petite fille. « Et que veux-tu en faire, » demanda-t-elle encore à Adèle.

« Je la laisserai s’envoler. Attends, tu verras comme elle s’envolera ; regarde ! » Adèle mit la petite bête sur le plat de sa main qu’elle leva en disant : « La bête à bon Dieu, la bête à bon Dieu ! Elle s’est envolée vers les cieux, près de Dieu ! »

« Elle a répandu là un pot de lait, » ajouta Guillaume en appliquant légèrement un petit coup sur la main d’Adèle. La bête à bon Dieu souleva son petit manteau noir tacheté de rouge, développa sous ce manteau ses petites ailes, et s’envola dans les airs ?

« Allons, toi ! Pourquoi est-ce que tu l’as poussée, » dit Adèle avec un peu de fâcherie, — « Pour la voir s’envoler un peu plus tôt, » dit le petit garçon en riant ; puis, se retournant vers Hortense, il la prit par la main : « Viens, mademoiselle Hortense, lui disait-il, « viens voir : je n’ai donné qu’un petit morceau de pain aux fourmis, et il y en a tant tout alentour ! » ajouta-t-il, avec l’expression d’un grand étonnement.

La comtesse mit sa main dans la poche de sa jaquette de velours noir, et en tira un petit morceau de sucre qu’elle donna à Guillaume avec ces mots : « Mets-le dans l’herbe ici, et vous verrez comment, en un clin d’œil, elles seront toutes venues l’assiéger. C’est qu’elles aiment les choses douces. »

Guillaume obéit, et quand il vit qu’en peu d’instants les fourmis, accourues de toutes les directions