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à bon Dieu, en la prenant entre ses doigts, pour la mettre à nouveau sur sa robe.

Non loin d’Adèle, et près d’une fourmilière, étaient accroupis Jean et Guillaume, attentifs aux mouvements continuels de ces fourmis. « Regarde, Guillaume, comme ça court ; et vois-tu cette fourmi-ci qui a perdu un œuf ? et comme cette autre l’a ramassé pour le porter au monceau. »

« Attends, j’ai un morceau de pain dans ma poche, je vais l’émietter, et nous verrons ce qu’elles feront des miettes. »

Il tira de sa poche le morceau de pain et en émietta quelque peu sur le chemin. Regarde, comme elles accourent toutes, et en se demandant comment le pain s’est trouvé là tout d’un coup.

Et voyez ! comme elles poussent ce petit morceau toujours plus loin ! Puis, en voici d’autres qui y accourent de tous les côtés. Mais comment ces autres-là ont-elles su qu’il y a ici quelque chose pour elles ?

Au même instant, ils furent distraits de leur contemplation par le son d’une voix claire qui de mandait : « Que faites-vous ici ? »

C’était celle de la comtesse Hortense qui, montée sur un cheval blanc, arrivait assez près d’eux, sans qu’ils l’eussent entendue.

« J’ai une bête à bon Dieu, » dit Adèle, en montrant sa main fermée à la comtesse, qui venait de descendre du cheval et s’avançait vers elle.

« Montre-la moi ! »

Adèle ouvrit la main, mais elle était vide « Oh ! elle s’est enfuie ! » dit la petite fille en fronçant le sourcil.