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« J’y irai certainement, » dit la comtesse en souriant.

« Recevez, Madame, nos remerciments pour toutes vos bontés, et que Dieu vous garde en bonne santé ! » dit grand’mère au moment de se retirer.

« Adieu ! » lui répondit la princesse avec un signe de tête, et la comtesse les accompagna jusqu’au vestibule.

« En venant desservir la table, le valet de chambre faisait la mine, et se disait : « En voilà encore un caprice de grande dame ! Trouver ses plaisirs dans la société d’une vieille femme du commun ! »

Cependant la princesse, qui était à sa fenêtre, les suivit des yeux, aussi longtemps qu’elle put apercevoir et les robes blanches des petites filles et le bonnet de la grand’maman, qui, par instants, reparaissaient à travers la verdure des arbres. Et en rentrant dans son cabinet, elle dit à voix basse : « Elle est heureuse, cette femme-là ! »


viii.


La prairie qui appartenait au château, était couverte de fleurs. Le milieu en était marqué par une raie de partage, et dans cette raie croissaient des serpolets, sur lesquels Adèle s’assit comme sur un coussin. Elle regardait une petite bête à bon Dieu, qui courait d’un côté de sa robe à l’autre, de sa robe à sa petite jambe, et de sa jambe sur son brodequin vert. « Ne t’en va pas, ma petite, je ne te ferai point de mal, » disait la petite fille à la bête