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« Les anges, » dit-on, « ne sont qu’auprès du bon monde ! » dit grand’mère, en regardant tendrement la princesse et sa fille adoptive.

La princesse demeura silencieuse pendant quelques instants, puis elle dit à voix basse : « Je ne cesserai jamais de remercier Dieu de ce qu’il m’a la donné ; » puis elle ajouta à voix plus haute : « Je voudrais avoir un ami qui fut aussi sincère que toi et qui me dît toujours la pure vérité. »

« Ah madame, vous en trouverez un, quand vous le chercherez. On le trouve plus facilement, qu’on ne le conserve. »

« Tu penses que je ne l’apprécierais assez ? »

« Pourquoi penserais-je cela de madame la princesse ! Mais ça arrive très-souvent. Une conversation sincère nous est précieuse parfois ; puis tout à coup, elle nous devient à charge ; — et l’amitié a fini. »

« Tu as encore raison. Mais dès aujourd’hui je te donne le droit de venir me voir et de me dire tout ce que tu voudras ; j’aurai toujours plaisir à t’écouter ; et quand tu auras une demande, et qu’il me sera possible d’y satisfaire ; sois sûre que je le ferai avec joie. »

Et sur cette aimable parole madame la princesse se leva de table. Grand’mère lui voulut baiser la main, mais ce fut elle qui s’inclina la première pour baiser grand’mère sur la joue. Les enfants prirent leurs beaux cadeaux, mais ils avaient peine à quitter la comtesse.

« Viens aussi chez nous, mademoiselle Hortense ! » lui dirent-ils ; « nous te cueillerons des fraises. »