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aide à cette famille, encore autrement que par une aumône. »

« Et de quelle manière ? » demanda la princesse.

« Ce serait de procurer à Kudrna, tant qu’il se conduirait bien, du travail assuré : Et je crois qu’il y aurait la meilleure volonté, car il est honnête et appliqué. Que Dieu vous récompense madame ! Mais l’aumône ne soulage ces pauvres gens que pour un temps. Ils achètent d’abord ceci et cela, quelquefois même un objet inutile, parce qu’ils ont de l’argent en main et quand l’argent a été dépensé, ils se trouvent dans le même état qu’auparavant, et ils n’osent plus venir une seconde fois. Mais s’il avait des journées assurées, ce serait un vrai secours pour lui et aussi un avantage pour madame qui aurait en lui un travailleur appliqué, et un serviteur fidèle ; et en outre, madame la princesse aurait fait une bonne action.

« Tu as raison ma bonne ; mais quel genre de travail peux-je donner à un joueur de vielle ? »

« Oh madame, ce sera bien facile à trouver. Je sais qu’il serait content d’être garde ou maître batteur. Quand il irait par les champs il pourrait porter sa vielle avec lui, et jouer en route pour son plaisir. C’est un gai compagnon, » ajouta grand’mère en souriant.

« Nous aurons soin de lui, » dit la princesse.

« Ô ma chère et bien-aimée princesse, » lui dit la comtesse en se levant pour aller lui baiser sa belle main.