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mendiant ne s’était présenté dans la journée, la mère allait voir sur le chemin et c’était sa joie. Et pourquoi ne seraient-ils pas venus en aide aux autres ; nous avions de tout à souhait ; pourquoi n’aurions-nous pas donné de notre abondance ? après tout ce il n’y a pas si grand mérite ; ce n’est qu’un devoir de tout bon chrétien ; mais se retirer le pain de la bouche pour le donner, voilà ce qui est une vraiment belle vertu. Néanmoins la chose alla si loin pour nous que nous ne mangeâmes plus qu’une fois par jour afin que les autres eussent aussi à manger. Enfin nous avons traversé ces mauvais jours et le soleil reparut brillant. La paix fût rétablie dans notre patrie et le mieux augmenta encore.

Quand Gaspard quitta l’école, il voulut apprendre le métier de tisserand, et je ne m’y opposai point. Le métier commande. Il fût obligé d’aller dans le monde pour faire son apprentissage. Georges disait toujours qu’un artisan qui ne sait que tourner autour de sa mère et du poêle ne se forme pas. Il revint quelques années après, s’établit à Dobruschka, où il prospère. Je gardai mes filles pour les former à la tenue du ménage, afin qu’elles pussent entrer en service ; mais une de mes cousines de Vienne arriva alors au village ; Thérèse lui plût et elle voulût la prendre tout de suite avec elle, en promettant d’en avoir soin. Cette séparation me fut assez pénible ; mais je pensai que je ferais mal de m’opposer à son bonheur ; car Thérèse était en goût de voir le monde. Puis Dorothée est une digne femme ; elle et son mari convenablement établis à Vienne et n’ont point d’enfants ! Elle prit soin de