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arrivé à Georges quelque chose dans ces batailles. Dieu seul sait, pourquoi ces gens ne préfèrent pas le repos ! » — Alors je pleurai ; et quand les enfants eurent entendu ces paroles de ma mère, ils me tirèrent par la robe, en me demandant : « Mère, est-ce notre grand’mère ? est-ce notre grand’père ? » À ces mots ma mère me reconnut tout de suite et se jeta à mon cou ; mon père embrassa les enfants, et je me mis à raconter tout ce qui s’était passé. Betca courut aussitôt chercher mon frère et sa femme mon beau-frère et ma belle-sœur, et il ne se passa pas longtemps que tout le village ne fut rassemblé ; ce n’était pas seulement les parents, et les personnes de même âge, c’était un chacun qui venait me saluer comme si j’avais été sa sœur. « Tu as bien fait de revenir à la maison avec les enfants, » dit mon père. Il est vrai que la terre est partout au Seigneur. Mais à tout homme la patrie est plus chère ! et à nous la nôtre ; et c’est ainsi que cela doit être. Tant que Dieu nous donnera du pain, tu ne seras pas dans la misère, ni toi, ni les enfants, et quand même tu ne pourrais pas travailler. Ce qui t’est arrivé en dernier lieu est bien triste, mais ne t’en soucie non plus que comme d’une chose secondaire. Celui que Dieu aime, il le visite par la croix. » C’est ainsi qu’ils m’ont reçue comme étant des leurs. Mon frère voulait me céder une chambre de sa ferme ; mais je préférai rester avec mes parents dans cette chaumière où avait vécu Georges. Les enfants s’y sentirent bientôt chez eux, et causèrent assez de joie à mes parents. Je les envoyai exactement à l’école. Dans ma jeunesse une fille n’apprenait pas à écrire ;