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Vamberitz. Tout mon chagrin se dissipa en la voyant. Vous m’avez accompagnée et vous m’accueillez encore Vierge Marie, pensai-je en moi-même, et j’entrai avec confiance dans la chambre. Mon père, ma mère et la vieille Betca étaient à table et mangeaient la soupe dans une grande soupière ; — c’était de la soupe au lait avec de la farine et des œufs ; on nomme cette soupe « antschka » et je m’en souviens comme si c’était d’aujourd’hui. Je saluai en disant : « Loué soit Jésus-Christ ! » — « à jamais ! » répondirent ils. — « Je vous prie de nous donner la couchée, à mes enfants et à moi. Nous venons de loin ; nous sommes fatigués et affamés, poursuivai-je ; mais ma voix tremblait. Ils ne me reconnaissaient pas. Il faisait obscur dans la chambre. « Mettez votre paquet de côté et mettez-vous à table ; » dit le père en mettant la cuiller à côté de lui. « Betca, » dit ma mère à la vieille servante, « va faire encore un peu de soupe. Asseyez-vous en attendant, coupez du pain, et donnez-en aussi aux enfants. Puis nous vous arrangerons un lit au grenier. Mais d’où venez-vous ? » — « De la Silésie et de Nisch, » répondis-je. — « C’est là qu’est notre Madeleine, » s’écria mon père. — « Je vous en prie, n’en avez-vous pas entendu parler ? » demanda ma mère, en s’avançant vers moi. « Madeleine Novotna, son mari est soldat ! C’est notre fille et nous n’en avons pas entendu parler depuis deux années. Comment va-t-elle ? J’ai toujours de mauvais rêves ; j’ai rêvé dernièrement que j’avais perdu une dent, ce qui m’a fait bien du mal, et depuis ce moment je ne fais que penser à ma fille et à ses enfants ; et je crains qu’il ne soit