Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 125 —

« Ce sont de beaux hommes, vraiment ! madame la princesse ressemble beaucoup à son père. Mais où est madame sa mère ? »

« Voici ma mère et ma sœur, » dit la princesse en montrant deux portraits placés au-dessus de son secrétaire.

« Ce sont de très-belles femmes, et c’est un plaisir de les regarder, » dit grand’mère. La sœur de madame la princesse ne ressemble ni à son père ni à sa mère ; mais il arrive quelquefois que les enfants ressemblent plutôt aux aïeuls. Je devrais connaître ce jeune monsieur ; seulement, je ne peux pas rappeler où je l’ai vu. »

« C’est l’empereur Alexandre de Russie, » répondit vivement la princesse ; « celui-là, tu ne l’as pas connu. »

« Si ! si ! Comment ne le reconnaîtrais-je pas ? Je n’ai été qu’à vingt pas de lui environ. Oh ! c’était un bel homme. Il est plus jeune ici ; mais je l’ai reconnu pourtant. En tant que beaux hommes, lui et l’empereur Joseph faisaient bien la paire. »

La princesse montra, en face d’elle, un portrait en buste et de grandeur naturelle.

« L’empereur Joseph ! » s’écria grand’mère en étendant les bras. « Voyez comme il est ressemblant ! Mais, comme vous les avez tous ensemble ici ! Je n’ai pas pensé que je verrais aujourd’hui l’empereur Joseph. Que Dieu lui donne le repos éternel ! C’était un bon seigneur, et particulièrement pour le pauvre monde. C’est lui qui m’a donné cette pièce d’argent, et de sa propre main encore, » dit grand’mère et elle tira de son sein la pièce d’argent.