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« Et pourquoi pas ? » fit la princesse avec étonnement.

« Mais qu’y ferais-je ? Vous n’avez pas de ménage ; je ne pourrais ni travailler la plume, ni faire tourner le rouet à filer. Par quel bout commencerai-je ? »

« Et ne voudrais-tu pas y vivre, libre de tout souci, et t’y reposer dans tes vieux jours ? »

Et grand’mère répondit : « Je crois qu’il arrivera plus tôt que plus tard, le temps où le soleil se couchera et se lèvera au-dessus de ma tête, pendant que je dormirai, délivrée de tout souci. Mais aussi longtemps que je vivrai, et que le bon Dieu me conservera en bonne santé, il convient que je travaille. Un paresseux n’est bon à rien. Et il n’y a personne qui soit absolument sans souci ; l’un a un chagrin ; l’autre en a un autre ; chacun porte sa croix. — La différence n’est que pour ceux qui ne succombent pas sous son poids. »

Au même instant une petite main blanche séparait les épais rideaux qui doublaient la porte, et on vit paraître dans l’entre-deux un gracieux visage de jeune fille, encadré dans des tresses couleur châtain clair.

« Permis d’entrer ? » demanda-t-elle d’une voix harmonieuse.

« Entre, Hortense, tu vas trouver une aimable société, » répondit la princesse.

La comtesse Hortense, fille adoptive de la princesse, comme on la nommait, entra dans le cabinet. Sa taille était mince, et non encore développée. Elle était vêtue d’une simple robe blanche ; à son bras