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foncé ; et sa toilette du jour était une robe blanche. Elle déposa sa plume à l’instant où entrait grand’mère avec ses petits enfants.

Grand’mère s’inclinant prononça le salut chrétien : « Loué soit Jésus-Christ ! » — « À jamais ! » répondit la princesse. « Sois la bienvenue, bonne mère, toi et tes petits-enfants ! »

Les enfants étaient tous comme éblouis ; mais grand’mère leur fit un signe, et aussitôt ils allèrent baiser la main de la princesse qui les baisa au front ; puis, de la main, indiquant une belle chaise, recouverte en satin et ornée de franges d’or, elle invita grand’mère à s’y asseoir.

« Merci, madame, je ne suis pas fatiguée, fit grand’mère avec un peu de cérémonie, et aussi pour le motif qu’elle craignait, soit de briser la chaise, soit de s’en laisser glisser. Mais la princesse lui ayant dit plus positivement : « Allons ! Assieds-toi, ma bonne ! » grand’mère étala son fichu blanc sur la chaise, puis s’y assit avec précaution et en disant : « Allons ! oui, pour ne pas troubler le sommeil de madame la princesse ! »

Les enfants restaient droits comme des souches ; mais leurs regards vaguaient d’un objet à l’autre. La princesse les regardant avec un sourire : « Vous plaisez-vous bien ici ? — « Oui, » répondirent-ils tous à la fois et en faisant de la tête un signe affirmatif.

« Quant à cela, » dit grand’mère, « voici qui leur irait joliment ! et ils ne se feraient pas prier pour rester ici ! »

« C’est comme au ciel ici ! néanmoins je ne voudrais pas y demeurer, » dit grand’mère.