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ventre et badaudait. Quand M. Proschek passa auprès d’eux, ils le saluèrent en allemand, mais chacun avec un accent différent. L’antichambre était pavée en dalles de marbre blanc ; et le milieu en était occupé par un billard d’un goût artistique. Autour des murs étaient placées, sur des piédestaux en marbre vert, de blanches statues en plâtre, représentant des personnages mythologiques. Quatre portes ouvraient sur les appartements de la princesse. À l’une était assis sur un fauteuil un valet de chambre en frac. Il dormait. Ce fut à cette porte que M. Proschek conduisit grand’mère et les enfants. En entendant du bruit, le valet tressaillit ; mais à la vue de M. Proschek, il le salua en lui demandant ce qui l’amenait au château.

« Madame la princesse, » répondit M. Proschek, « a désiré que ma belle-mère vînt la voir avec les enfants. Je vous prie, M. Léopold, de les annoncer. »

Monsieur Léopold fronça les sourcils et haussa les épaules en disant : « Je ne sais pas si elle veut recevoir ; elle est dans son cabinet et travaille ; mais je peux les annoncer. »

Il se leva, et, d’un pas lent, franchit la porte devant laquelle il était assis. Un moment après, il revenait avec une figure assez gracieuse pour faire signe d’entrer.

M. Proschek s’en alla, et grand’mère entra avec les enfants dans un élégant salon. Les enfants respiraient à peine, et leurs pieds glissaient sur le parquet poli comme la surface d’un miroir. Grand’mère se croyait comme à une vision. Elle se demandait si elle pouvait marcher sur ces tapis brodés : « Ce serait