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si éloigné de la Vieille-Blanchisserie, grand’mère n’y allait que rarement avec les enfants, surtout si les seigneurs y étaient. Elle en admirait le bel arrangement, les belles fleurs, les arbres rares, les jets d’eau et les poissons dorés de l’étang ; et toute fois, elle préférait conduire les enfants en promenade dans la prairie ou dans la forêt. Là, du moins, ils pouvaient se rouler sur le moelleux tapis vert, respirer le parfum de toutes les fleurs, en cueillir et en faire des bouquets et des couronnes. Les oranges et les citrons ne croissaient point dans les champs ; mais çà et là étaient plantés, soit un cerisier touffu, soit un poirier sauvage, soit des arbres chargés de fruits, et tout le monde en pouvait cueillir à volonté. Puis, dans la forêt, on trouvait des fraises, des framboises, des champignons et des noisettes à foison. Il n’y avait point de jets d’eau : mais grand’mère aimait encore mieux à s’arrêter, avec les enfants auprès de la digue. Ils y admiraient comment les ondes se précipitaient en bas, après s’être élancées du haut, pour retomber, divisées en millions de gouttes ; puis, se réagréger en bouillonnant dans le bassin d’écume, enfin se reformer en un courant régulier et lent.

Au-dessus de la digue, il n’y avait point non plus de poissons dorés, habitués aux miettes des petits pains bien blancs ; mais quand grand’mère y passait, elle portait la main dans sa poche pour en retirer des miettes qu’elle déposait dans le petit tablier d’Adèle. Et quand les enfants les avaient répandues sur la nappe d’eau, beaucoup de poissons surnageaient de la profondeur à la surface.