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vous ? Sauvez-vous bien vite ! » Et les chiens entendant sa voix sévère, voyant aussi qu’elle les menaçait de la main qui tenait le fichu blanc, s’arrêtèrent, sans comprendre ce que tout cela signifiait. Les enfants les grondaient aussi, et Jean ramassa même une petite pierre pour la leur jeter ; mais la petite pierre tomba dans la rigole. Les chiens, accoutumés qu’ils étaient à rapporter ce qu’on jetait à l’eau, crurent comprendre que les enfants ne voulaient que jouer avec eux, et coururent joyeusement à l’eau ; en un moment ils en étaient hors, et venaient s’ébattre à l’entour des enfants qui crièrent en se cachant derrière leur grand’mère. Elle ne savait que faire. « Je vais rentrer à la maison pour appeler Betka, » disait Barounka.

« Non, non ! N’y retourne pas ; car de revenir sur ses pas à la maison, une fois qu’on s’est mis en route, on dit que cela ne porte pas bonheur. »

Heureusement que le meûnier parut en cet instant, et il chassa les chiens. « Où allez-vous donc ? à une noce, ou à une fête ? » demandait-il en retournant sa tabatière entre ses doigts.

« Il n’y a pour nous ni fête, ni noce, notre père meûnier ; nous allons seulement au château, » répondit grand’mère.

« Au château ? c’est déjà cela. Et qu’avez-vous à y faire ? poursuivit-il avec étonnement.

« C’est madame la princesse qui nous a invités, » reprirent les enfants, et grand’mère se mit à raconter leur rencontre avec la princesse au pavillon.