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Il prit quelques florins pour sa dépense de voyage, régla l’ouvrage à faire par les domestiques pendant son absence et partit. Une fois en route, il s’informa partout si l’on avait vu une personne de tel et tel signalement, et il faisait le portrait de sa fille de la tête aux pieds. Or, personne n’avait rencontré jeune fille qui lui ressemblât. À Josephstadt, on lui dit que les chasseurs étaient partis pour Koeniggraetz ; et à Koeniggraetz, que le soldat noir était entré dans un autre détachement, et qu’il voulait finalement quitter le service militaire. Où était-il allé ? c’est ce que ne put lui dire un chasseur, qui était bien le même que celui qui avait fait séjour à la ferme de Miksch ; et il attestait que personne n’avait vu Victoire. Beaucoup d’autres lui conseillaient d’aller demander au bureau militaire ; c’était, lui disaient-ils, son meilleur plan ; mais le paysan tint à ne pas se commettre avec l’administration : « Je ne voudrais pas, » répondit-il, qu’on me la renvoyât sous escorte, comme une vagabonde, et qu’on se la montrât au doigt. N’importe où elle soit, elle est partout sous la main de Dieu, sans la permission de qui aucun cheveu ne pourra tomber de sa tête. Si elle doit revenir, elle reviendra ; sinon, que la volonté de Dieu soit faite ! »

Telle fut sa conclusion. Il chargea ce chasseur de faire savoir à Victoire, — s’il la voyait ou s’il entendait parler d’elle, — que lui, son père, l’avait cherchée ; et que, si elle souhaitait rentrer chez ses parents, ils la recevrait, elle, et le brave homme qui l’aurait reconduite, avec une récompense. Le chasseur promit tout, et le père s’en revint à sa maison, la