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« C’est bien, Marie, c’est bien ! tu es très-gentille ! et je t’en remercie. Va te coucher, va, ma chère ! » ajouta Victoire en la baisant sur la joue. Marie arrangea le coussin sous sa tête, lui souhaita une bonne nuit et se mit au lit.

Quand, au matin, Marie se réveilla, le lit de Victoire était déjà vide. Elle pensa que sa sœur était peut-être allée dans la chambre y faire son ouvrage ordinaire ; mais elle ne se trouva ni dans la chambre, ni dans la cour.

Les parents étaient effrayés ; ils envoyèrent aussi tôt chez la femme du forgeron où elle pouvait, pensaient-ils, s’être rendue ; mais elle n’y était point. « Où peut-elle être, se demandait-on l’un à l’autre, tout en visitant tous les coins. Un domestique courut aussi chez son fiancé ; après qu’on l’y eut inutilement recherchée, et que son fiancé fut encore venu du village voisin, sans en savoir davantage, la femme du forgeron se mit à dire : « Je croirais qu’elle a suivi le soldat noir ! »

« Ce n’est pas vrai ! » s’écria le fiancé.

« Vous êtes dans l’erreur, » dirent aussi les parents. Comment serait-ce possible ? elle qui ne pouvait pas même le souffrir ! »

« Et pourtant c’est comme cela, et ce n’est pas autrement, » assurait la femme du forgeron ; et elle leur raconta en partie ce que Victoire lui avait confié. Marie, de son côté, parla de la commission qu’elle avait faite, la veille, à sa sœur ; et la liaison de ces deux récits eut bientôt fait reconnaître qu’elle avait rejoint le soldat noir, dans l’impuissance où