Page:Bloy - Un brelan d'Excommuniés, Savigne, 1889.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
l’enfant terrible

Dieu. Or le Dieu du Calvaire et des Sacrements est depuis longtemps au rancart, c’est bien entendu, et le Narcisse qui est au fond de tout cœur humain l’a très plausiblement remplacé. Chaque moderne porte en soi une petite Église infaillible dont il est le Christ et le Pontife et la grosse affaire est d’y attirer le plus grand nombre possible de paroissiens. Mais, comme il est de l’essence de toute foi de tendre à l’œcuménicité, la momerie se dilate naturellement en raison inverse de l’exiguïté du tabernacle. On voit alors cette merveille d’une âme publique se badigeonnant de vertu pour s’absoudre et se communier elle-même et mériter par ce moyen, le Paradis de ses propres complaisances.

Barbey d’Aurevilly a voulu montrer cette âme dans l’exercice de sa liturgie de ténèbres, en plein conflit de son mystère avec la convergente police des yeux des profanes…

C’est pourquoi son livre donne l’impression d’une espèce de sabbat, le sabbat effréné de la