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le lépreux

du fond de sa conscience, invoque le Dieu flagellé pour qu’il soit le témoin de son holocauste.

Il arrive des lointains cloaques, apportant l’inégalable trésor des puanteurs, des nudités, des dérélictions, des blasphèmes et des désespoirs du siècle, puisque l’épouse indéfectible du Rédempteur a reçu le pouvoir de transfigurer tout cela. Il a choisi d’être le bouc propitiatoire et le sacrifice qu’il offre est cousin germain de l’effroyable désolation qu’il assume.

Sacrifier à Jésus la richesse, la célébrité, l’amour même, c’est le vieux jeu des martyrs et des confesseurs nimbés qu’on vénère dans les basiliques et dont les histoires sont écrites par des professeurs de vertu. Mais sacrifier à cet Agonisant couronné d’épines les joies du Vice et les délicieux esclavages de l’infamie ! renoncer pour cet Agneau d’entre les lys aux exhalaisons de l’excrément ! — telle est l’oblation de ce pèlerin qui s’est donné à lui-