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sueur de sang

Il est vrai qu’ils brisèrent tout avant de partir, et de façon si complète qu’à l’exception de quelques rares objets tout à fait insignifiants, il n’eût pas été possible de trouver chez lui le moindre fragment réparable d’un meuble ou d’un ustensile.

Lorsque les voisins attirés par ses hurlements, le délivrèrent, il était coiffé d’un vaste pot de chambre qu’on avait eu soin d’emplir auparavant.

Sa première action, digne assurément d’être consignée dans l’histoire, fut d’aller au secours de sa femelle qui poussait au-dessus de lui d’ineffables gémissements.

L’horrible mégère déficelée, débâillonnée du torchon sale dont on avait étouffé ses cris, parut plus vivante que jamais. Outrée déjà d’un si grand nombre de fornications involontaires, tout son fiel se répandit à l’aspect du monceau de ruines que son ménage était devenu, et il ne lui fut que trop facile de livrer au démon de la vengeance l’âme ulcérée de son époux.

Quatre jours après, dans un château du voisinage, le général d’infanterie de Manstein, commandant le IXe corps, achevait un dîner de roi, en compagnie de son chef d’état-major Bronsard de Schellendorf et du général-lieutenant, baron de Wrangel.

Ces messieurs, ivres de gloire et d’excellents