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le dernier poète catholique

sont parmi les plus beaux qu’on ait écrits ! Et même il paraît qu’aujourd’hui on n’en veut plus dans les cabarets. Ça n’a pas le ragoût des bonnes ordures.

La vérité de tous les temps, c’est que Jésus pleure au fond de telles âmes, qu’il y pleure véritablement, longuement, ses plus grandes larmes et que cela finit par mettre au dehors une sorte de ressemblance. La vérité encore, c’est que Jehan Rictus a trouvé, un jour, une idée d’un prix inestimable qui semblait tombée du ciel. Son Revenant ne peut pas être comparé. C’est autre chose que tout. Existe-t-il, en poésie, un aussi douloureux, un aussi long gémissement, un aveu de peine et de misère aussi naïf, aussi intime, aussi déchirant, un aussi profond sanglot ? Je n’en sais rien et j’en doute. Peut-être que cette plainte extraordinaire tire actuellement une partie de sa force du reflet obsédant de la figure du Lamentateur dans l’illustration des pages. Non pourtant, on l’avait déjà sentie, cette force, et je crois bien qu’on l’avait sentie