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assez d’acidité pour éteindre une soif pareille à la vôtre.

Buvez ces larmes d’orphelins, de veuves et d’exilés ;

Buvez ces larmes d’adultères, de parricides et de désespérés ;

Buvez encore ceci qui est l’océan des larmes de l’Avarice, de la Concupiscence charnelle et de l’Orgueil ;

Buvez enfin ces larmes d’argent qui seront désormais l’unique patrimoine en Israël, et qu’un jour la dérision sacrilège des faux chrétiens répandra sur le catafalque vermiculeux de la vanité des morts.

Tout cela, c’est ce que le Peuple de Dieu a gardé pour le rafraîchissement de votre seconde Agonie, et c’est par moi qu’il vous l’offre, parce que c’est moi que vous désignâtes cruellement pour vous en abreuver avant votre dernier souffle.

Vous avez dit que « ceux qui pleurent sont bienheureux », et c’est parce que je pleure les larmes de toutes les générations que « toutes les générations m’appelleront Bienheureuse ».

Je n’avais parlé que six fois dans l’Évan-